La densité des jours
Tout finit par un poisson : gros, carré, avec un oeil rose ; il gobe un vieille truite à moitié crevée.
À partir de quand ça a dégénéré, on ne sait plus très bien.
C’est vrai que cela avait bizarrement commencé : il faisait beau ce 1er avril. Sur la route, on avait acheté une panette, après avoir longuement hésité à prendre aussi un campanile. On ne sait jamais. Les chiens étaient toujours là, fidèles, tel ce bon vieux Hush Puppies Nustrale, le seul à ne pas être attaché à son piquet. La rivière avait décru, et on n’était plus obligé de se déchausser pour la franchir. Mais tout de même… Les asperges avaient une furieuse tendance à s’enrouler autour de nos jambes à la montée. Et puis là-haut, les poignées ont commencé à rétrécir dans les 7b, les dos prenaient une teinte rosée, à l’ombre, et il y avait même un nain à fusée.
La nuit suivante fut calme et le matin, tout sembla rentrer dans l’ordre : les nuages arrivaient. Mais le même cirque recommença : le rocher pleurait du sable, les voies faisaient des virages et se prenaient pour des pistes, le sika entrait en lévitation. Ce ne fut que lorsque la pluie tomba à nouveau que la normalité revint. Il ne restait plus qu’à rentrer à la maison, après avoir retrouvé le bon goût des nourritures terrestres. Les chattes étaient là, en forme ; chaque chose à sa place.
Mais deux jours plus tard, il y eut ce poisson…
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